Archéologie Numérique

2025 est une époque formidable ! … du moins pour ceux qui aiment le numérique et les ordinateurs. Les machines sont puissantes, silencieuses et compactes, les disques durs et SSD sont énormes, rapides, fiables et… extrêmement faciles à brancher. ( Je crois qu’on dit Plug and Play...)

Pour qui a connu les années 80, 90 et 2000, c’était alors une toute autre histoire. Les machines étaient lentes, et les nombreux « standards » incompatibles entre eux. L’Amstrad CPC utilisait des disquettes 3 pouces, les Amiga, Atari, Macs et PC des 3,5 pouces avec des formatages différents. Les disques durs étaient vendus à prix d’or pour quelques misérables Mo, et se déclinaient en deux normes incompatibles : IDE ou SCSI. Leur fonctionnement était fastidieux : il fallait ajuster des jumpers, respecter le chaînage, et installer des extensions ou « filetypes » spéciaux pour pouvoir lire un formatage PC sur Mac ou sur Amiga, et l’inverse ne marchait pas forcément.

Au fil du temps, la plupart de ces standards et formats ont été abandonnés et se sont perdus. Les ordinateurs d’époque ont été vendus, sont tombés en panne ou ont disparu au fond des caves et des greniers…

Pourtant, il n’est pas rare d’avoir encore chez soi, sur une étagère ou au fond d’un tiroir, quelques vieilles disquettes et disques durs renfermant des contenus oubliés…


Tandis que j’attends patiemment que mon CPC 6128 malencontreusement grillé soit ressuscité par un bidouilleur de génie, je me suis soudain pris d’intérêt pour quelques pièces d’archéologie numérique en ma possession.

La plupart de mes « vieilleries informatiques » sont rangées chez mes parents, dans l’ancien atelier de mon père. Ces archives sont en majeure partie composées de mes anciens supports de travail : disquettes et disques durs, soigneusement protégés dans des boîtes et cartons. Elles sont tellement bien rangées que j’en oublie le plus souvent l’existence, avant de les redécouvrir puis de les oublier une fois encore, suivant un cycle de 2 ou 3 ans. À chaque fois, je me promets d’essayer de les brancher sur une machine pour en explorer le contenu… avant de les ranger et de les oublier à nouveau…

Parmi tout cela, on trouve d’abord de précieuses disquettes 3,5 pouces. Elles contiennent mes premières créations numériques : graphismes et animations réalisées sur Amiga 1200 entre 1993 et 1996, dans des conditions très rock’n’roll (tekno serait le mot le plus approprié – il faut que je raconte tout ça un de ces jours…). Même si j’ai sauvegardé les œuvres les plus importantes sur support moderne, il y subsiste certainement quelques pépites oubliées…

Malheureusement, je n’ai à ce jour aucun moyen de les lire. Je n’ai plus d’Amiga, et je n’ai pas de PC avec lecteur de disquette. Ce qui n’aiderait probablement pas car le formatage est différent…

Hé oui, hélas, mille fois hélas, j’ai revendu mes Amiga 600, 1200 et 4000 au tout début des années 2000. Il faut l’écrire et le lire pour le croire. La connerie monumentale ! Si encore j’avais noté le nom des acheteurs pour les retrouver, mais je ne m’en souviens absolument pas…

Un cd c’est facile à explorer…

Cela fait un moment maintenant, pour ne pas dire des années, que je surveille les annonces d’Amiga 1200 sur le Bon Coin. Hélas, mes espoirs de trouver une machine fonctionnelle à prix abordable se heurtent continuellement à l’absurdité des prix demandés…

Je me suis donc renseigné sur les moyens actuels de lire des disquettes Amiga sur un PC, afin d’en extraire les fichiers qui s’y trouvent à moindre coût. Ça existe : Greaseweazle, Kryoflux… Il va me falloir suivre cette piste un peu plus sérieusement. Un PC bidouillable avec lecteur de disquette – c’est-à-dire une vieille tour avec de l’IDE – devrait faire l’affaire et me permettre, par la même occasion, de brancher un vieux disque dur qui, je crois, était celui de mon A1200 à l’époque…
À suivre…

Mais que renfermes-tu ?

Tout ceci m’a rappelé une autre relique que j’avais complètement zappée : un magnifique et imposant lecteur de cartouches SyQuest SCSI, enfoui au fond d’un placard. J’avais même failli m’en débarrasser il y a quelques années…


En 1998, j’utilisais ce lecteur et son unique cartouche de 80 Mo sur mon Amiga 4000 en émulation Macintosh via ShapeShifter et Fusion. Mac OS 8.6 y tournait très bien grâce à ma Cyberstorm MKII 68060 et ma Piccolo SD 64. J’obtenais des performances à peu près équivalentes à un Macintosh Quadra 950, pour faire un peu de Photoshop et perdre des dizaines d’heures sur Warcraft II

Il ne m’en reste que la boite…

Aujourd’hui, je suis bien incapable de dire ce que renferme cette cartouche SyQuest, ni même si le lecteur fonctionne encore. Il me faudrait une connexion SCSI. J’avais ça sur mon 4000 et le PowerMac G3 BW qui lui a succédé, mais aujourd’hui… Je crois qu’il n’y a même pas de carte SCSI pour Mac Pro Intel. Peut-être quelque chose comme cet adaptateur ?


Comme si tout cela ne suffisait pas, cette réflexion m’a poussé à reconsidérer le sort de deux Macintosh Classic que j’avais réduits à l’état de décorations inertes.

Un problème d’affichage, il y avait…

J’ai trouvé l’un d’entre eux dans une rue parisienne entre 2011 et 2012 (avec mon Amstrad CPC 6128 trouvé à Marseille, match nul 1 partout). Quant à l’autre, mystère total. Peut-être faisait-il partie d’un lot acheté au début des années 2000 pour servir de machine à écrire familiale ?

Quoi qu’il en soit, l’un des deux fonctionnait encore quand je l’ai testé la dernière fois. J’avais d’ailleurs retiré les batteries par précaution. Le second montrait des signes de fatigue depuis longtemps : des stries pixelisées verticales, caractéristiques de condensateurs défectueux. Aujourd’hui malheureusement, ce sont les deux qui réclament réparation.

Ce serait vraiment dommage de laisser mourir ces machines d’autant que, n’ayant jamais eu de clavier ni de souris ADB, je n’ai jamais pu en explorer les disques durs. Que peuvent-ils bien renfermer d’intéressant ?

Ce Classic II fonctionnait encore en 2024 :/

Ainsi, après avoir regardé tous les tutoriels de réparation de Mac Classics que je pouvais humainement regarder (dont celui-ci et celui-là), je me suis dit que je pourrais apprendre à souder pour faire les petites réparations qui s’imposent, c’est-à-dire changer les condensateurs. Reste à savoir où apprendre. Tuto Youtube ? Un FabLab ?


J’ai donc une Retro Todo Liste bien remplie, qui va me tenir occupé pour les quelques prochains mois et années. L’archéologie numérique est un travail de patience, surtout quand on n’a pas tout sous la main, ni un espace dédié, et c’est là ma plus grande difficulté. Bien sûr, rien ne presse, ces reliques ont déjà attendu deux décennies, mais ce serait sympa de terminer ce que j’ai commencé.


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